Depuis 2011, le Pitchfork Music Festival propose « un rendez-vous automnal à la programmation ambitieuse et rare, représentative du meilleur de la musique indépendante internationale d’aujourd’hui et de demain ». C’est dans ces termes que l’événement se décrit lui-même. Étant donné que c’est très bien dit et, surtout, très vrai, on se contente de les citer en acquiesçant. Pendant une belle semaine, Paris se transforme en temple de la bonne musique et accueille des dizaines et des dizaines d’artistes de toutes parts. Tellement qu’en dehors des têtes d’affiche – qui sont cette année M.I.A, Moderat, Nick Murphy (Chet Faker) et DJ Shadow -, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Surtout qu’en se voulant le plus éclectique possible, le festival confond les genres, d’où notre grande question : quel(le)s artistes hip-hop de cette édition 2016 méritent que tu lâches ton billet ?
Parce qu’on sait que tu ne peux pas tout faire, on ne va qu’en retenir cinq. Accroche-toi, ça commence dès ce soir avec la belle Tommy Genesis qui sera au Café de la Presse (Bastille) pour le deuxième jour du Pitchfork Avant-Garde, festival dans le festival qui met en lumière les artistes de demain. L’une des dernières recrues d’Awful Records donne dans le style inédit, du genre à provoquer l’addiction jusqu’à en violenter la touche « repeat ». L’auto-proclamée « Baby Awful » viendra répandre son univers à la fois dark, sexuel, féminin et déstabilisant. Rappelle-toi, on l’avait fait jouer à Lyon en juin dernier pour son premier concert en France, et c’était le feu.
Le lendemain, c’est au Trabendo que tu dois te rendre pour la première Pitchfork Paris After Party. Tu auras le plaisir d’y croiser le grand Clams Casino, beatmaker visionnaire de New York révélé sur le LiveLoveA$AP d’A$AP Rocky. Son dernier album, 32 Levels, est sorti le 15 juillet dernier avec des notamment des feats de Lil B et Vince Staples. Alchimiste d’ une ambiance hypnotique et insaisissable, Clams Casino joue avec des synthés lancinants, des percussions déroutantes et des samples aussi évasif que sa musique. Une maestria sonore, affranchie de toutes règles mais pourtant limpide, jamais brouillonne. Et vu que l’organisation souhaite que tu rentabilises ton déplacement, c’est le canadien Ryan Hemsworth qui succédera au new-yorkais. Celui qui alterne entre le rap et l’électro a produit pour Deniro Farrar, Tinashe, The Underrachievers ou encore Tory Lanez, pour ne citer qu’eux, et nous a balancé l’année dernière une bien belle Just Rap Mixtape avec tout ce qu’il faut dedans.
Puis direction la Grande halle de la Villette samedi, pour finir ta semaine en beauté. Avant que la géante M.I.A ne débarque sur scène peu avant minuit, tu as plutôt intérêt d’être sur place dès 17h. L’artiste qui lance cette dernière soirée du Pitchfork Music Festival n’est autre que Joey Purp. Membre du Savemoney Crew de Chance The Rapper, l’ami Joey a sorti avec iiiDrops l’un des projets de l’année. Et oui, on pèse nos mots. Acclamé par la critique, le disque de ce freestyleur de génie mixe avec aisance la légèreté de l’être et le poids du monde, toujours avec un flow impeccable qui en a surpris plus d’un.
Enfin, un peu plus tard dans la soirée, c’est une autre pépite d’Awful Records que tu auras l’occasion de voir sur scène. Abra, dont le track « Hair Like Water » avec Tommy Genesis n’a toujours pas fini de nous ensorceler, sera elle aussi de la partie. Celle qui a sorti l’EP Princess en juillet dernier peut se targuer d’être chanteuse, compositeur et productrice. Adepte des mélanges de genres, elle s’est finalement construit un style plutôt sombre et rêveur en mixant ses influences rock à la trap d’Atlanta, d’où elle vient. Rappelez-vous : elle s’est notamment fait connaitre avec une cover à la guitare sèche de « No Hands » de Waka Flocka Flame. De cette homemade vidéo au clip de « Fruit », il y a une évolution artistique foutrement intéressante, vous en conviendrez.
Si notre petite sélection ne te convient pas, rappelle-toi que tu as toutes les informations dont tu as besoin sur la page Facebook de l’événement. Là, tu n’as vraiment plus d’excuse.