Qui est donc Frank Ocean ? Qui est donc cette voix qui a réussi en l’espace de quelques mois à s’imposer sur la scène hip hop US, au point de jouer les guest stars sur l’iconique Watch The Throne des deux plus grosses pointures du milieu et s’attirer les louanges de Pharrell.
Le natif de la Nouvelle Orléans a une histoire des plus singulière. De son nom déjà, Christopher Breaux, qui rappelle à nous, francophones, les liens historiques impérissables entre l’état de Louisiane et notre cher drapeau tricolore. Mais de son parcours aussi, lui qui a été forcé de quitter le domicile des Hornets par une Katrina un peu trop agressive pour rejoindre les côtes Californiennes, et s’installer à Los Angeles. D’où ses premiers contacts avec le milieu, et ses premiers records travaillés via l’intermédiaire du duo de producteur qui composent The MIDI Mafia. Déjà ses capacités artistiques décalées et originales attirent l’attention des vedettes, entre le génial John Legend, la vieillissante Brandy, ou encore l’insupportable… Justin Bieber. La suite en est du coup des plus surprenante, avec son intégration au sein du collectif Odd Future – la transition entre le méché et OFWGKTA étant quelque peu… trouble, pardonnez moi l’euphémisme.
Puis vient sa signature chez Def Jam, et des début très, très difficiles. Jusqu’au moment où, tournant de sa carrière, il change officiellement son nom pour devenir Christopher Francis Ocean, dit Frank Ocean, et sort sa première mixtape sous l’effigie du célèbre label, intitulée nostalgia, ULTRA. Applaudit par les critiques, les journalistes décrivent son style comme « intelligent et subtile, le plaçant au dessus de la masse » (sic), et tirent le portrait d’un artiste désormais considéré comme « talentueux« . Au point que Def Jam décide alors de ressortir sa tape, mais comme EP cette fois-ci.
D’où une succession affolante de collaboration avec Nas, Beyonce, ou encore Pharell Williams, tout en continuant de s’élever parallèlement à Odd Future et d’en devenir une des figures majeures. Jusqu’à la consécration, en juin 2011, lorsque ce dernier annonce sa future participation sur l’album commun de Jay Z et de Kanye West. Le summum. L’apogée. Le tremplin. Ses apparitions sur « No Church in the Wild » et « Made in America » – deux titres phares de l’album – consacrent la carrière du chanteur de 24 ans. Les mots utilisés pour décrire sa rencontre avec Jay Z témoignent de la personnalité d’un artiste dont on risque d’entendre parler encore et encore : « Quand je suis rentré dans le studio, il ne disait rien et ça m’a rendu super nerveux. Mais dés qu’on a commencé à discuter, je l’ai trouvé plutôt cool. Je pense qu’il essayait de me rendre nerveux, de me faire transpirer. Ca m’a paru volontaire, mais c’est le jeu. On a commencé à se marrer à la seconde d’après. Tout s’est évaporé une fois que je suis passé derrière le micro. C’est mon élément, c’est ce qui m’apaise. »
Nous vous avions déjà parlé d’Ocean à de nombreuses reprises, notamment à l’occasion de la sortie de « She« , avec Tyler The Creator, ou encore avec son titre « Swim Good« , mais un effort plus conséquent était nécessaire, pour vous informer, vous, sur ce phénomène en devenir. A apprécier sans limite.