D’ou viennent les noms des rappeurs ?

Le rap jeu, c’est un peu comme le catch : il te faut un blaze qui claque, un nom qui terrorisera tes potentiels adversaires avant même que tu sois monté sur le ring et que t’aies enflammé le mic. Les MCs l’ont bien compris et le pseudo qu’ils choisissent se fait souvent le reflet de leur personnalité et de la force de (f)rap(pe) qu’ils entendent bien faire résonner. Qu’ils aillent allègrement piocher dans la culture street et gangsta ricaine souvent associée à un pan du hip-hop (Scarface, Rick Ross, AZ), qu’ils chassent sur des terres plus exotiques (Wiz Khalifa, littéralement « sage successeur » en anglo-arabe) ou que leur pseudo tienne carrément de la catharsis jetée à la face de tous (Eminem, dérivé de « M&Ms », surnom donné pour railler Marshall Mathers III), les rappeurs choisissent souvent avec soin leur nom – qui deviendra, pour certains d’entre eux, une marque à part entière.

À ce sujet, Highsnobiety s’est amusé à retracer l’origine des noms de dix grandes stars du rap. Petit aperçu d’un article ludique.

Ses coups d’éclats, son union avec la Reine des reines, sa folie des grandeurs : c’est peu dire que l’histoire de Shawn Carter est désormais entourée d’une aura légendaire qui confine à la mystique. Celle de son nom de scène ne fait pas exception. D’abord nommé Jazzy, il devient Jay-Z en 1989, en référence à la station de métro J/Z située près de son quartier de Brooklyn, auquel il restera toujours fondamentalement attaché. Son pseudo nouvellement adopté est également une référence à Jaz-O, mentor de Carter durant ses jeunes années, avec lequel celui-ci se fâchera finalement et qui joua un rôle de premier plan dans le célébrissime clash Jay-Z/Nas. Un patronage renié qui incitera finalement le président de la Roc Nation à abandonner le trait d’union au cœur de son patronyme. Ni dieu ni maître. Hard Knock Life.

Le hip-hop et la culture gangsta sont les meilleurs ennemis, deux alliés tellement cul et chemise qu’il est souvent tentant de les mettre dans le même panier et de blâmer l’un pour les effets néfastes de l’autre. Il faut dire que, parfois, les artistes hip-hop donnent largement le bâton pour se faire battre. En tête desquels Rick Ross, dont le nom de scène n’est ni plus ni moins celui de l’un des trafiquants de drogue les plus successful de l’histoire américaine – on parle de 2 ou 3 millions de dollars par jour au pic de sa carrière. Après sa sortie de prison, le vrai « Freeway » Ricky Ross ne manqua d’ailleurs pas de poursuivre le rappeur en justice – des accusations laissées sans suite, principalement au nom de la liberté d’expression. Dans son malheur, l’ex-narcotrafiquant pourra quand même se réjouir d’être interprété à l’écran (dans le film Kill the Messenger) par l’excellent Michael K. Williams, l’un des héros les plus charismatiques de la brillantissime série The Wire.

On le sait, Tupac est l’un des soldats les plus acharnés de l’histoire du hip-hop, l’un de ses guerriers/porte-drapeaux que la mort prématurée aura probablement empêché de devenir l’une des principales voix black aux Etats-Unis, au-delà de la du rap. Forcément, il lui fallait un nom à sa mesure et il l’aura : son nom complet (Tupac Amaru Shakur) est un hommage au leader péruvien à l’origine de la révolte organisée par les Indiens contre les colons espagnols. L’anecdote (et le haut patronage) est désormais connu. Pourtant, ce que l’on sait moins, c’est que la légende est seulement à moitié vraie : Pac est en réalité né sous le nom de Lesane Parish Crooks, et c’est sa mère, Afeni Shakur, qui le baptisera du nom quasi-prophétique sous lequel on le connaît aujourd’hui.

Certains rappeurs optent parfois pour des pseudonymes difficiles à expliquer, histoire d’entourer leur personnalité d’un mystère toujours un peu plus épais. Pas Action Bronson, qui revenait sur l’origine de son blaze pour Thisis50.com : « Pour les graffs, je posais ‘Action’. Et je me suis dis : ‘Merde alors, tu peux pas utiliser ça comme nom pour rapper. J’ai besoin d’un nom cool’. Charles Bronson a toujours été un de mes acteurs préférés donc j’ai mis ‘Bronson’ à la fin. » Tout simplement.

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