Hier, le temps d’une soirée, le Palais Omnisport de Paris Bercy a changé d’identité : il s’est métamorphosé en Club Paradise, du nom de la nouvelle tournée européenne de Drake. L’enjeu était de taille, le Canadien l’a lui-même admis : passer d’une salle de 5 000 personnes – le Zénith lors de son précédent passage – à une qui dépasse facilement les 14 000 têtes, c’est une belle preuve du succès du protégé de Weezy en France. Personnellement, j’étais assez curieux de suivre sa prestation. Je considère Take Care comme un sacré bon album, mais son ambiance assez calme et vaporeuse ne se prête pas forcément à foutre le feu devant un public. Du coup, je me demandais si ça allait quand même bouger. Je n’ai pas été déçu sur ce point.
Déjà, gros respect à Labrinth et sa première partie hyper dynamique. Je ne connais que vaguement la discographie du jeune londonien, excepté le carton « Earthquake » ou « Last Time », mais il mérite clairement un prochain focus sur le blog. Il a rapidement conquis le public et a fait preuve d’une sacré aisance sur scène, sans trop vouloir tirer la couverture vers lui. Chapeau, même si je regrette un poil l’absence d’A$AP Rocky …
Drizzy lance l’ouverture de son club privé sur le terrible banger « Lord Knows ». Bien calé au centre de la fosse, je suis tout de suite rassuré sur le niveau de réaction des spectateurs. Ca bouge, surtout que Drake est venu accompagné d’un orchestre, toujours plus agréable qu’un simple DJ. Drake nous a rapidement fait miroiter l’apparition de Lil Wayne, mais il a fallu se contenter d’une version solo de « I’m Going In ». Dommage, même s’il y avait très peu de chance de voir Weezy F débarquer, j’avoue avoir eu un doute à un moment.
Evidemment, la majorité de la playlist de Take Care est passée à la moulinette : « Crew Love », « Underground Kings », « HYFR », l’excellent « We’ll be Fine » et le single « Take Care » qui a retourné la salle sans surprise. Concernant la partie plus posée de l’album, tout le monde a eu confirmation que Drake chantait vraiment bien en live et ne poussait donc pas la voix qu’en studio. Réactions plus calmes, mais j’ai été enchanté sur « Cameras » ou « Marvins Room » qui reste l’un de mes sons préférés de ce LP. Drizzy a dédicacé « Make Me Proud » à sa mère qui était dans la salle, avant de dédicacer « Practice » à toutes les filles. L’écran géant en fond diffusait à ce moment toutes les vidéos de filles qui bougeaient leurs fesses sur ce son, qui lui avaient été envoyé pour le clip/concours.
Plus étonnant, Drake n’a pas hésité à jouer myriade de sons sur lesquels il n’apparaît qu’en featuring. Certains ont d’ailleurs mis plus le feu que tout le reste : « I’m on One », « Forever » et surtout « The Motto » ont fait bouger la fosse comme jamais. J’ai même carrément été surpris de le voir balancer la boucherie « Round Of Applause » et « Stay Schemin », sur lequel le public a oublié de réagir sur la fameuse punchline « Bitch you wasn’t with me shooting in the gym » dédiée à l’ex de Kobe Bryant. On a eu aussi droit à quelques pépites de son premier album Thank Me Later, type « Over » ou « Miss Me ». Faut dire que niveau le charisme, sans atteindre l’expérience d’un Jay-Z, il en jette du haut de ses 25 ans. Impressionnant, le gars maîtrise son environnement en solo, un vrai talent.
Seul bémol : au deux tiers du concert, Drake s’est lancé dans un hommage en public en décrivant un tas de spectateurs pour montrer qu’il leur était reconnaissant. Une démarche sincère mais vraiment trop longue, ce qui a un peu fait retomber le soufflé. Une petite faute de parcours corrigée par un final en apothéose sur « Headlines », avec les lyrics qui accompagnaient sur l’écran en background. Terrible impression visuelle, j’ai d’ailleurs pensé à vous en captant un extrait du morceau.
En fin de concert, Drake a confessé qu’il avait vécu ici une des meilleures soirées de sa vie, que Paris et le public français lui tenaient particulièrement à coeur, notamment en raison de son succès particulier ici. On ne saura jamais si c’était une déclaration d’amour honnête ou s’il le balance dans chaque pays, mais j’aurais envie de le croire. En tout cas, il ne s’est pas moqué de nous, Bercy n’affichait pas presque complet pour rien …
Au passage, un grand merci à Esprit Musique par la Caisse d’Epargne.