Jeudi 28 mars, Toulouse, Le Bikini ouvrait ses portes à la soirée Hip-Hop du festival Les Airs Solidaires dont nous vous avions fait gagner des places quelques jours auparavant. Une aubaine pour tout amateur de rap US qui se respecte. Si l’an dernier le festival avait réussi l’extrême prouesse de ramener les Cunninlynguists, cette année c’était au tour d’Afu-Ra et de Das EFX d’assurer un show made in New York City.
Je ne vais pas vous mentir, deux semaines avant l’événement les MCs m’étaient plus ou moins inconnus. Pourtant 2 minutes après la fin du live, je suis ressorti avec la drôle d’impression d’être allé voir un concert avec des artistes qui m’étaient familiers. Comme si en quelques heures tout le public du Bikini s’était synchronisé avec les rappeurs. Flashback de cette super soirée en quelques lignes.
Il est 20h pétante et comme tout galérien qui se respecte, c’est bien en bus que j’arrive à la salle du Bikini. Premières impressions une fois à l’intérieur : c’est beau, c’est lounge. La piscine sur la terrasse est parfaite. Quant à la salle, elle attend encore son public. Nous ne sommes pour le moment qu’une dizaine de jeunes fougueux dans la pièce – qui peut accueillir jusqu’à 1500 personnes au maximum – et j’en profite pour me caler en première ligne, tel un groupie.
Il est 20h35 environ quand les turntablists toulousains de 008Prod prennent les platines pour ambiancer une foule qui arrive petit à petit. Après une vingtaine de minutes d’échauffement à se relayer deux par deux en balançant des gros sons à consonance rap/électro/dubstep, les C2C locaux – bah oui, ils sont quatre et ils ont des platines… what did you expect ? – débutent leur show. Pour ma part c’est la première découverte de la soirée. Le groupe se recentre alors sur des instrus plus rap en lâchant des beats hargneux dopés aux basses ultra puissantes – à la manière d’un Backseat Freestyle par exemple. Et vas-y que ça scratche dans tous les sens et que ça balance des remixes de rap US old school. Après plusieurs titres joués, des collègues de 008Prod viennent donner un coup de main: le beatmaker Metronom et un rappeur français ressemblant plus ou moins à Schoolboy Q entrent sur scène pour quelques tours de piste. Les beats utilisent désormais de nombreux samples avec le cinquième larron aux commandes. Quant aux lyrics du rappeurs, elles sont honnêtes comme en témoigne le morceau Parasite, aussi marrant que réaliste. L’ensemble est sympa, ça met l’ambiance tranquillement, une bonne première partie en somme qui se conclura vers 21h45.
Crédit photo : Samy Chafa
Quelques minutes de transition et c’est reparti avec le premier cainri de la soirée, mi samurai mi rastafari, le seul et l’unique Afu-Ra. Le rappeur de la Gang Starr Foundation apparaît avec une coiffure déjantée, des grosses lunettes de soleil blanches et une patate d’enfer sur la scène du Bikini. Tout de suite, on le sent extrêmement communicatif. Le bonhomme a envie de parler, d’échanger. Il entrecoupe la plupart de ses titres avec des interludes vocales destinées à chauffer le public ou à papoter pépouze. Pas dérangeant à mes yeux, surtout après m’avoir checké. Le MC enchaine certains de ses plus gros hits, en commençant par un Equality au refrain très reggae. On a aussi pu capter son gros tube Defeat ou encore le banger hardcore Hip Hop qui a secoué Le Bikini dans tous les sens. Le New-Yorkais présente également des tracks de son dernier album Body Of The Life Force 2 sorti en 2012. Un peu moins marquant que le reste tout de même. Puis, après avoir critiqué le rap commercial, remercié Dj Premier ou encore le Saian Supa Crew et balancé quelques anecdotes – il nous a confié avoir réalisé un feat avec Doc Gyneco dont il avait un peu honte – , le MC finit son show vers 23h. La salle est caliente, prête à accueillir les suivants.
Crédit photo : Samy Chafa
C’est au tour de Das EFX d’assurer le show, et pendant que le Dj Ron Devu installe ses platines, une groupie à ma gauche le harcèle avec insistance pour un… rendez-vous. En attendant les rappeurs, le Dj balance du Ante Up à tout va ainsi que d’autres classiques du rap américain. Et enfin arrivent Skoob et Dray, les clous du spectacle. L’entrée est fracassante, la foule est en transe, ça s’agglutine au premier rang et les pétards commencent à tourner méchamment dans la salle. La symbiose entre les artistes et le public est telle que les MCs n’hésitent pas à passer leurs mics au premier rang – ils le donnaient et parfois le récupéraient 20 ou 30 secondes plus tard – ou à aller au contact avec les gens. Un peu risqué sur le coup mais cela ne fait que transcender les spectateurs de plus belle. Et c’est à cet instant que le concert devient très intéressant. La prestation scénique est impeccable et même sans connaître une seule parole ou chanson, on vit l’instant à fond. Ces groupes de rap US des 90’s ont décidemment le talent pour enflammer tout ce qui bouge et faire danser des individus qui ne les connaissait même pas avant la soirée. Das EFX enchaine les hits et puis vient à un moment le remix du terrible Simon Says de Pharoahe Monch : Get the fuck up ! Le genre de morceau qui parle à tout le monde, tout comme The Message de Grand Master Flash qui se voit revisité version EFX. Quelques titres plus tard, il est déjà minuit et je suis forcé de rentrer avant la fin. Un ami qui était sur place m’a raconté qu’au final, deux danseurs et plusieurs dizaines de gens sont montés sur scène pour foutre le zbeul et rapper avec le groupe. Une bien belle ambiance de concert.
Crédit photo : Samy Chafa
Pour conclure, cette soirée était magique. Bercé par les couplets des ricains, j’ai trouvé le festival d’une part très bien organisé et d’autre part hyper interessant. Je suis déjà allé replonger dans la discographie d’Afu-Ra, et Das EFX va bientôt y passer aussi. Moi qui suis venu en touriste j’ai peut-être bien vécu l’un des meilleurs concerts de rap auquel j’ai assisté. Encore merci et félicitations aux Airs Solidaires qui ont su gérer cette sixième édition avec brio. Le rendez-vous pour l’an prochain est d’ores et déjà réservé. Ah et big up aux nettoyeurs de scène qui ont certainement du vouloir assassiner Das EFX pour le nombre record de crachats par terre en un peu plus d’une heure de concert. A moins que ce soit les danseurs montés sur scène à la toute fin qui s’en soient chargés…
Un grand merci à Samy Chafa pour les photos qui agrémentent ce report !