Scoop et J.Keuz, beatmaker et emcee, viennent de balancer un nouveau clip. D’aucuns parleront bien vite de rap conscient. On évitera cette fameuse tarte à la crème, l’expression étant devenue péjorative pour certains, renvoyant à l’idée d’un rap chiant. A la limite, soyons plus précis – bah ouais, à la base on est tous plus ou moins conscients de quelques trucs. On peut peut-être plutôt parler de rap politique, bien qu’il puisse lui-même être envisagé de mille manières différentes. A en faire des caisses avec leur rôle de porte-parole, certains finissent par exemple par tourner en rond, ou par chercher des illuminati là où il n’y a que confusion et atomisation de l’espace politique. Et d’autres en disent parfois beaucoup plus avec un seul morceau ou une punchline bien sentie.
Scoop et J.Keuz, eux, dressent dans ce morceau un constat clinique, avec une précision chirurgicale. Au menu, une des merveilleuses dynasties du capitalisme français : la famille Dassault et ses pratiques plus que douteuses, dirons-nous, sachant que des procès sont en cours, entre blanchiment de fraude fiscale, et achat de voix à Corbeil-Essonnes. Le clip, réalisé par Un Escroc et Pierre Boutigny vaut le coup, et donne encore plus d’impact au morceau. Ne serait-ce que pour les superbes images d’archives sur lesquelles il démarre : des images ô combien touchantes montrant Serge Dassault à la découverte du caddie. Autre moment qui n’a pas de prix, la réponse du dernier rejeton Olivier, à un journaliste qui l’interroge sur les chances inégales face à eux de candidats moins fortunés : « s’il est fauché au départ, c’est peut-être qu’il est moins malin que s’il était pas fauché. » Il fallait y penser. Reste à savoir si Le Figaro relaiera ce clip, eux qui savent parfois si bien mettre en lumière la jeune garde du rap français…
Scoop et J.Keuz, quant à eux, sortiront leur album Maestria le 6 février. Affaires à suivre.