On s’aperçoit que de plus en plus de visages féminins prennent place dans le rap jeu, surtout qu’elles ne sont pas mauvaises les bougresses. Ajoutez donc la blonde Stori à cette liste exhaustive et attention : 2014 sera son année.
Néé dans le New Jersey, elle a baigné dans la musique très tôt et a été influencée par sa mère, sa première fan, très présente au début de sa carrière dès ses premières leçons de chant aux premiers enregistrement studios. La jeune femme n’hésite pas à dire qu’elle lui doit beaucoup – c’est là qu’on voit que c’est bien une meuf après tout, ou Drake. Entre chant et rap à la manière d’une Lauryn Hill, la jeune femme n’a pas encore fait son choix. Mais aujourd’hui, personne ne lui demande de choisir. Impossible donc de lui coller une étiquette, la petite veut faire ce qu’elle veut, une façon d’affirmer son indépendance bien qu’elle considère être, à la base, une chanteuse. C’est une cover de « Someone Like You » d’Adele qui l’a fait signer chez l’historique Motown Records.
Peu d’artistes peuvent se vanter que leur premier concert se soit fait sur un yacht et encore moins que ce soit la première partie de la chanteuse soul Chrisette Michelle. Stori peut. Dans sa mixtape au putain de blaze de féministe, #Badassdame, Stori nous dévoile ses talents à travers onze titres léchés, notamment certains avec l’aide de Trinidad James et de Juelz Santana. Pas trop mal pour débuter. Une cassette créative et pleine d’énergie.
A peine avoir pressé le bouton play de mon iTunes que je me prends déjà une bonne claque : le titre introductif, « Bloodclot », n’a rien de mignon. Une ambiance dangereuse et pleine d’animosité se dégage d’un morceau assez raw. Le titre ne t’es pas inconnu si tu es un familier du Method Man – « What The Bloodclot » présent sur Tical (1994).La petite connait ses classiques et ça fait plaisir.
Ce n’est pas la seule piste de la tape qui rend hommage assez ouvertement au rap des nineties. Dans une ambiance beaucoup plus chill, voire planante, la blonde nous dépeint une journée type dans le New Jersey sur « Just Another Day », assistée d’un Juelz Santana bien inspiré. La prod et le refrain sont empruntés à Queen Latifah, celle qui avait réussi à l’époque à s’imposer dans le game grâce à sa détermination et son engagement féministe. Une autre bad ass dame.
« Every time you hear my name its rock salt, I’m rockin with my cock out/I never win by default, the term is verbal assault »
En interview, et cela bien que le titre de la mixtape y fasse écho, l’artiste se défend d’être une féministe convaincu. Il faut dire qu’aujourd’hui, le terme est souvent bafoué, dixit Sasha Grey dans le dernier Snatch de l’année : « Maintenant, on appelle ‘féministe’ la moindre femme qui manifeste une opinion, qui ouvre un peu sa gueule. » Stori veut simplement faire ce qui la branche et mettre en valeur son indépendance artistique. Et puis, la meuf a du talent ; le track « Pocketbook » le confirme : sur un simple 16, elle peut anéantir la concurrence. Lorsqu’elle invite Trinidad James, c’est juste pour s’assurer une dose de coolitude.
Cela ne l’empêche pas de distiller des sons plutôt smooth et légers comme « Top Down » en duo avec A.Layne, voire « Bullshit ». On peut même y ajouter « Good Outweights The Bad » qui sample « Time After Time » de Cindy Lauper. Dans tous les cas, Stori a une façon bien a elle de raconter de vraies histoires à travers sa musique. Son blaze n’est pas usurpé. Un lot de situations dans lesquelles beaucoup d’entre vous se retrouveront. Les productions sont efficaces et la rimeuse s’y ballade tranquillement en passant du chant au rap, et inversement. Elle nous offre un bien beau kaléidoscope musical, et ce n’est même pas encore Noël.