Autant le préciser tout de suite, je ne suis pas un fin connaisseur de dubstep. Ne prenez pas cet avis pour plus qu’il n’est, c’est-à-dire celui d’un auditeur lambda qui découvre un peu le genre. Toute opinion supplémentaire sera la bienvenue. Le dubstep, il m’arrive d’en écouter plus ou moins volontairement, comprenez plus souvent en soirées que chez moi. Malgré l’explosion de ce style musical, je retiens plus les innombrables morceaux bourrins et sans âmes que les pépites sonores qui, pourtant, existent bel et bien. En quête de ce genre de diamants bruts, mes recherches se sont rapidement orientées vers le premier album de Joker, The Vision. De « Purple City » à « Tron », le producteur de Bristol dispose d’un nombre conséquent de tueries à son répertoire, qui donnent envie de secouer sévèrement la crinière de tout auditeur qui se respecte.
Entre une signature sur le label 4AD et une grosse baisse de productivité ses derniers mois, tous les éléments étaient réunis pour faire trépigner les fans d’impatience. La preuve, alors que le disque ne doit sortir que début novembre, une version digitale a déjà été « rippée » un peu partout sur le Web. Les forums se sont rapidement enflammés sur le sujet, surtout que le résultat fait débat. Une joute qui a commencé avant l’été, avec la parution du single du même nom. Aussi bon soit la production du titre « The Vision », l’ajout de vocaux chantés par la mignonne Jessie Wire avait horrifié les puristes. Un blasphème malheureusement nécessaire pour jouer dans la cour des grands et rendre le track mainstream. Une teinte R&B que je n’avais pas trouvé si dégueulasse perso, bien que l’instru se suffisait amplement a elle-même. Le remix avec Freddie Gibbs est aussi à essayer en passant.
S’agissant des 11 autres pistes que compte ce LP, les tueries ne manquent pas. « Tron », que tout le monde connaît, le très hip-hop « Back In The Days » qui a d’ailleurs été clippé, ou encore l’envoûtant et lazzy « Electric Sea ». Les puristes et dub-lovers purs et durs pourraient regretter qu’un bon tiers de l’album contienne des lyrics et manque parfois de bons gros drops. Ils devraient se rabattre sur un son du calibre de « My Trance Girl ».
Grâce à cette « Vision » artistique, le génial british risque de se faire connaître d’un public beaucoup plus vaste, sans trop trahir un style moderne qui l’a installé au sommet du genre.