Le coup de coeur du Child of Lov

mardi 14 janvier 2014, par Cedric.

Mystérieux personnage que ce Child of Lov. Il a fallu qu’il nous quitte pour que l’on daigne s’intéresser à lui, à son oeuvre, à son histoire. C’était le 10 décembre dernier : suite à une opération chirurgicale qui a mal tournée, l’artiste hollandais s’en est allé, laissant dernière lui un tumblr dédié aux femmes qui mangent, un éventuel prix du meilleur sosie au détour une ressemblance fortuite avec le footballeur Zlatan Ibrahimovic, et un album à son image. Fou. Décalé. Surprenant. Unique. Par moment dégueulasse. La synthèse parfaite d’un style qui risque de rester sa propriété pour l’éternité, car on voit mal comment quelqu’un pourrait reprendre le flambeau laissé par cet artiste avant-gardiste, tant on a l’impression que son style si particulier ne pourrait coller à aucune autre personne.

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Quand on écoute un morceau de The Child of Lov, on est immédiatement surpris par ce que l’on entend. On essaie de comprendre. On décompose. On a l’impression d’avoir atterri dans une nouvelle dimension où la musique elle-même est différente. Grisante. Ébouriffante. On est à la fois curieux et réticent. On se dit que c’est peut-être trop, ou pas assez. Quoi qu’il en soit, on continue notre exploration : parce que c’est unique et qu’on ne veut pas passez à côté d’un phénomène.

Sa musique, c’est un sombre mélange de hip hop, de rock, de soul et de funk, enfin, son terrain de jeu préféré. Il aimait d’ailleurs se représenter comme un “warrior of the funk”, un survivant du mouvement. Plutôt que de s’enfermer dans un style de musique plutôt vieillot et quelque peu dépassé – même si notre ami Snoop le tient toujours par les couilles avec son 7 Days of Funk -, le chanteur né en Belgique s’est attelé à le mélanger à des sonorités plus actuelles. Son kiff, c’était d’utiliser toute sorte d’instrument pour créer un son atypique.C’est probablement sa passion pour le graphisme qui lui a donné ce goût pour l’éclectisme et heureusement pour lui, et pour nos tympans, il maitrisait tout le bordel musical qu’il créait. Dans tout ce fouilli, chaque note vient s’agencer dans un ensemble qui s’avère admirablement ordonné. Certains le voyaient comme le bébé abandonné de NERD, d’autres comme le résultat de la fusion sans potalas entre Prince et Gnarls Barkley. Ses maîtres à lui, c’étaient James Brown, Stevie Wonder, Otis Redding, et D’Angelo. D’ailleurs, son titre « Give Me », il l’a écrit en pensant à à ce dernier, “coincé dans une machine à remonter le temps”. Si le chanteur de neo soul n’avait pas eu le nez dans la chnouf, il aurait pu apprécier l’hommage.

Ce qui fait la particularité de la musique de The Child Of Lov et la rend, selon nous, si spéciale, c’est sa voix. Sincèrement, les premiers éclats qui nous parviennent à l’oreille rappellent  un vieux clébard qui braille. No offense. C’est troublant, déroutant, parfois inaudible. On se demande même comment les mecs de Rapgenius vont faire pour décrypter les paroles. Il faut du temps pour appréhender l’originalité du son produit par le gosier du chanteur. Au bout d’un moment, on s’y fait, et l’on remarque au passage qu’il utilise sa voix comme un véritable instrument qui se glisse malicieusement entre cuivres et cordes. Tout cela donne un cocktail chelou, mais détonant.

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Lui qui avait appris à détester sa voix, il a su quoi en faire. On est loin des timbres sensuelles de Drake, Frank Ocean ou encore Pharrell Williams. Et pourtant. Sa voix, affublée de quelques effets destinés à embellir sa musique, séduit. Elle aurait pu séduire encore longtemps, et plus de monde, s’il n’y avait pas eu ce malheureux accident. Lui qui était déterminé à sortir un nouvel album après le très bon Child of Lov sorti en 2013, et une mixtape – très courte – intitulée Crying Thunder sortie aussi en 2013. Il a fallu qu’il succombe à une crise cardiaque après une opération chirurgicale, selon les dires de son manager. On en sait pas plus. The Child of Lov, de son vrai nom Cole Williams, était quelqu’un de très discret. On ne le connaissait qu’a travers les thèmes développé dans ses chansons : l’amour, la bouffe, le sexe et les gros derrières. Il donnait rarement des interviews et était si réservé qu’il n’apparaissait dans aucun de ses clips. Chose étonnante à l’heure où le personnal branling est chose courante.

Oui mais voilà. The Child of Lov ne fait – faisait – rien comme les autres. Il était animé par cette volonté, la même que beaucoup d’autres, ironiquement, de se démarquer du travail des autres : “Si mon morceau ressemble à n’importe quoi d’autre, je l’abandonne.“ R.I.P.

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