22 ans et pourtant, Vince Staples a tout d’un grand. Son premier album, Summertime ’06, est un petit bijou – notre chronique t’en convaincra. Les médias nationaux s’intéressent à lui et l’Angelinos s’est récemment livré au Guardian. « J’ai rejoint un gang parce que je voulais tuer des gens. » Le rappeur n’y va pas par quatre chemins pour expliquer pourquoi il a intégré, à un moment de sa vie, les Crips de Los Angeles. Il affiche d’ailleurs clairement la couleur dans « Blue Suede ». L’artiste a très jeune été confronté à la violence : « Je voulais blesser des gens, il n’y a pas de raison, c’est une soif de sang. C’est la même chose pour ceux qui rejoignent l’armée : ils veulent tuer. Un lion n’a pas besoin d’excuse pour tuer, il le fait parce qu’il le veut. »
Glaçant. Le rappeur de Long Beach s’exprime avec froideur et pragmatisme. Loin d’être un vampire, il explique que les gangs font partis de la culture californienne, et ceci depuis des lustres. Le système a créé la culture des gangs, la violence policière « n’est pas seulement conduite par la race », explique-t-il, mais aussi par la classe sociale. L’argent ferait la différence. Staples, qui habite maintenant sur Orange County, livre alors une petite anecdote : « Je me suis fait arrêter sans permis de conduire l’autre jour, et ils m’ont dit ‘soyez prudent, rentrez chez vous’. Si j’étais à Long Beach, ils m’auraient sorti de cette merde et mis en prison. Vous n’avez rien à faire pour aller en prison. Quand ils veulent te prendre, ils te prennent et tu y iras. » Staples n’en reste pas moins attaché à son quartier, bien plus d’ailleurs qu’au mouvement dont il fait partie : « Je ne suis pas inquiet pour la culture hip-hop. Je suis inquiet pour les personnes, et pour mon quartier. J’en ai rien à faire d’être un rappeur, je préfèrerais juste être moi-même. »